dimanche 7 août 2011

the last public writer of Saigon


Monsieur Ngo se décrit comme le dernier des Mohicans. Il est en effet le dernier écrivain public de Saigon. Il avait un collègue qui faisait le même métier mais il est aujourd’hui décédé. Monsieur Ngo, lui, se porte plutôt bien même si son grand âge se fait sentir.
Monsieur Ngo officie à la poste. Longtemps employé par celle-ci, il est en fait à la retraite ; mais comme il n’aime pas rester inactif, il a demandé à la direction de bien vouloir lui laisser une petite place sur le banc où les gens écrivent leurs lettres, pour qu’il puisse les aider éventuellement. La direction a bien sûr accepté et depuis, il est devenu une figure emblématique des lieux. Tout le monde l’adore, des jeunes filles qui vendent des cartes postales et lui gardent son sac pendant la pause déjeuner, aux étrangers et touristes de passage avec qui, pour certains, Monsieur Ngo entretient une correspondance soutenue. Par exemple, il avait aidé une famille française à traduire des formulaires d'adoption de deux jumeaux viêtnamiens et rédiger les courriers. Depuis dix ans, la famille lui adresse régulièrement des photos et des nouvelles.
Car la particularité de Monsieur Ngo, c’est qu’il parle français (il l'a appris à l'école française à Saigon, du temps des Français) et anglais couramment. Alors souvent, en plus d'aider à la rédaction du courrier administratif (remplir des dossiers de demande d'asile à l'étranger par exemple), il traduit aussi des lettres… d’amour. De jeunes viêtnamiennes reçoivent des lettres d’un americain ou d’un francais de passage à Saigon et dont elles sont tombées amoureuses. Mais leur niveau de langue est trop faible pour comprendre les lettres de leur amant étranger. Alors Monsieur Ngo les leur traduit et les aide a écrire la réponse. Il ne fait que traduire et essaie de rester neutre, de ne pas faire trop de commentaires. Une fois, on lui a même tendu un téléphone portable pour qu’il traduise le texto qui était écrit en anglais!