Dans le poste de garde-barrières du Kilomètre 1725, en plein coeur de Saigon sur la ligne de chemin de fer Hanoi – Saigon, la vie s’écoule paisiblement. Entre deux trains, les garde-barrières tuent le temps comme ils peuvent : l'une fait la sieste à même le sol avec son petit chien à ses côtés, l'autre écoute la radio, joue au loto ou lit le journal, ou la petite équipe prend un petit jus dans l'après midi.
Mais le calme est régulierement brisé par la sirène annonçant l'arrivée imminente d'un train. Branle-bas de combat. On remet la casquette, on sort les sifflets, on arrête le trafic, on pousse les barrières. Le flot incessant de motos a du mal à se tarir surtout aux heures de pointe, mais le garde barrière doit barrer la route malgré les klaxons.
"C'est un métier à la fois très facile et à la fois très dur. Très facile car il s'agit de pousser simplement des barrières. Très dur car la moindre erreur serait fatale". Dans cet espace temps rétréci, personne ne peut s'éloigner du poste ne serait-ce que pour une petite course. Telle une épée de Damoclès, un train peut surgir n'importe quand. Le planning est bien établi mais les trains qui sortent du dépôt pas loin, eux, n'ont pas d'horaires fixes.
La journée s'organise malgré tout, entre les Hanoi-Saigon ou les express Saigon-Danang, entre les rails, les siestes, les motos et les passants qui marchent sur les voies.
L'une des garde-barrières sera bientôt dans le train. Elle montera à Hanoi pour le nouvel an, le Têt, pour visiter sa famille. Et elle n'oubliera pas de saluer ses collègues au passage du train.