dimanche 7 août 2011
km 1,725
Dans le poste de garde-barrières du Kilomètre 1725, en plein coeur de Saigon sur la ligne de chemin de fer Hanoi – Saigon, la vie s’écoule paisiblement. Entre deux trains, les garde-barrières tuent le temps comme ils peuvent : l'une fait la sieste à même le sol avec son petit chien à ses côtés, l'autre écoute la radio, joue au loto ou lit le journal, ou la petite équipe prend un petit jus dans l'après midi.
Mais le calme est régulierement brisé par la sirène annonçant l'arrivée imminente d'un train. Branle-bas de combat. On remet la casquette, on sort les sifflets, on arrête le trafic, on pousse les barrières. Le flot incessant de motos a du mal à se tarir surtout aux heures de pointe, mais le garde barrière doit barrer la route malgré les klaxons.
"C'est un métier à la fois très facile et à la fois très dur. Très facile car il s'agit de pousser simplement des barrières. Très dur car la moindre erreur serait fatale". Dans cet espace temps rétréci, personne ne peut s'éloigner du poste ne serait-ce que pour une petite course. Telle une épée de Damoclès, un train peut surgir n'importe quand. Le planning est bien établi mais les trains qui sortent du dépôt pas loin, eux, n'ont pas d'horaires fixes.
La journée s'organise malgré tout, entre les Hanoi-Saigon ou les express Saigon-Danang, entre les rails, les siestes, les motos et les passants qui marchent sur les voies.
L'une des garde-barrières sera bientôt dans le train. Elle montera à Hanoi pour le nouvel an, le Têt, pour visiter sa famille. Et elle n'oubliera pas de saluer ses collègues au passage du train.
somewhere, someone
video @ Future Shorts One, Saigon, 2009
Soleil de plomb. District 7 à Saigon. La ville s’étend sur la campagne. Le district 7, longtemps épargné par l'urbanisme dévorant a vu récemment la construction d'un grand nombre de tours et connaît un boom de la spéculation immobilière. Sur un terrain vague que des promoteurs ont déjà acheté, une femme dort dans un hamac, sous un petit abri fait de tôle et de bouts de bois. Elle somnole mais surveille du coin de l’oeil un carré d'herbes hautes d’où jaillissent des piaillements d’oiseaux. Des petits oiseaux en cage qui en attirent d’autres. Ce sont les appâts. Un piège pour attrapper des oiseaux.
Elle les attrappe pour les revendre à des pagodes aux alentours. Les jours de fêtes bouddhistes, les fidèles libèrent ces oiseaux pour faire une bonne action et ainsi acquérir un bon karma. Elle aide les gens a améliorer leur karma, quoi de mieux?
Son fils grandit avec elle. Son mari, lui, est parti. Il était joueur et perdait l’argent de la maison régulièrement. La maison faite de bric et de broc. Son fils l’aide a replier les filets, le soir, quand il a fini l’école.
La journée passe. L’attente. L’attente que des oiseaux se posent dans les herbes pour ensuite refermer le piège d’un geste rapide. Puis remettre le piège en place. Et l’attente. Comme celle des marins sur une mer plate qui guettent le vent dans les voiles. Le filet ne coûte pas cher même s’il faut le recoudre de temps en temps. Le soir, les voisins passent la voir avec leurs petites filles qui courent sur le grand terrain vague, libres comme de petits oiseaux.
the last public writer of Saigon
Monsieur Ngo se décrit comme le dernier des Mohicans. Il est en effet le dernier écrivain public de Saigon. Il avait un collègue qui faisait le même métier mais il est aujourd’hui décédé. Monsieur Ngo, lui, se porte plutôt bien même si son grand âge se fait sentir.
Monsieur Ngo officie à la poste. Longtemps employé par celle-ci, il est en fait à la retraite ; mais comme il n’aime pas rester inactif, il a demandé à la direction de bien vouloir lui laisser une petite place sur le banc où les gens écrivent leurs lettres, pour qu’il puisse les aider éventuellement. La direction a bien sûr accepté et depuis, il est devenu une figure emblématique des lieux. Tout le monde l’adore, des jeunes filles qui vendent des cartes postales et lui gardent son sac pendant la pause déjeuner, aux étrangers et touristes de passage avec qui, pour certains, Monsieur Ngo entretient une correspondance soutenue. Par exemple, il avait aidé une famille française à traduire des formulaires d'adoption de deux jumeaux viêtnamiens et rédiger les courriers. Depuis dix ans, la famille lui adresse régulièrement des photos et des nouvelles.
Car la particularité de Monsieur Ngo, c’est qu’il parle français (il l'a appris à l'école française à Saigon, du temps des Français) et anglais couramment. Alors souvent, en plus d'aider à la rédaction du courrier administratif (remplir des dossiers de demande d'asile à l'étranger par exemple), il traduit aussi des lettres… d’amour. De jeunes viêtnamiennes reçoivent des lettres d’un americain ou d’un francais de passage à Saigon et dont elles sont tombées amoureuses. Mais leur niveau de langue est trop faible pour comprendre les lettres de leur amant étranger. Alors Monsieur Ngo les leur traduit et les aide a écrire la réponse. Il ne fait que traduire et essaie de rester neutre, de ne pas faire trop de commentaires. Une fois, on lui a même tendu un téléphone portable pour qu’il traduise le texto qui était écrit en anglais!
samedi 6 août 2011
giữa đất và nước - between earth and sea
Land art exhibition @ Ho Tram, August 2009
Giữa đất và nước is being between earth and sea. In Vietnamese "đất" means earth and nước means "water". "Dất nước" means "country" and refers to Vietnam in spoken language as land and water blend together in most part of the country. As a Viet Kieu, being an "in-between" is part of my identity. Not totally Vietnamese, not totally French.
I was invited by Bertrand Peret and Sandrine Llouquet from Wonderful District (wonderfuldistrict.org), who participated in the exhibition.
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